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Les justifications foireuses de P'tit Pirate

Dernière mise à jour : 26 juin 2020


Ce billet n’a pas pour vocation de convaincre les pirates que c’est MAAAAAAAAL de télécharger illégalement un livre. Ils le savent déjà et je n’aime pas enfoncer les portes ouvertes. (Pis vous trouverez plein d’articles en ce sens sur le net, y compris sur mon blog, vu que j'ai poussé mon "cri du bébé auteur contrarié" il y a un peu plus de 3 ans.)

Il n’a pas non plus pour but de crier ma rage et ma colère ou de maudire ces gens jusqu’à la 7e génération. Pour l’effet que ça aurait (encore que, avec un bon marabout… j'ai d'ailleurs reçu une pub dans ma boîte aux lettres la semaine passée).

Non, j’avais juste envie de partager avec vous le florilège d’excuses toutes aussi bidon les unes que les autres qui sont servies par les P'tits Pirates.

(Tout cela est parti d’une conversation sur un groupe Facebook de fans de lecture, dont vous trouverez quelques captures d’écran en fin d’article. Ne cherchez pas à retrouver cette conversation, elle a été dûment effacée par l’admin, et les membres proposant des partages illégaux bannis. Niark-niark-niark *imitation de rire satanique*.)

Alors, *roulement de tambour*, de la plus classique à la plus originale :

« Tout le monde le fait. »

Heu, non. Mais vraiment, non. (D’ailleurs, ma carte de crédit est souvent en surchauffe…)

Mais c’est tellement facile de se cacher derrière l’excuse du mouton.

Répète après moi, P'tit Pirate : « Bêêêêêêêê… »

Variante (merci Alix !) :

« Bandes d'hypocrites, vous téléchargez bien illégalement votre musique et vos séries préférées. »

Petit a) On retombe sur le mouton : si les autres le font pour des arts différents, j'ai le droit de le faire aussi pour les bouquins. (Réponse : Non.)

Petit b) On s'en cogne de ce que les autres font. On parle de toi, P'tit Pirate. D'ailleurs, qui t'assure que ton interlocuteur télécharge vraiment illégalement ? Ce n'est pas parce que TU es malhonnête que tout le monde l'est.

Et plein de ces "autres" que tu mets dans le même panier gigantesque ont découvert la modernité : si tu l'ignorais encore, il existe des systèmes d'abonnements qui permettent d'écouter ce qu'on veut en continu (Spotify), de regarder ses séries préférées (Netflix) ou de lire des toooooonnes de bouquins (KDP).

N'hésite pas à tester, P'tit Pirate, tu m'en diras des nouvelles.



« Les livres sont trop chers. »

Mais tout l’est, de nos jours, mon bon Pirate !

Et en ce temps de #PayeTonAuteur, elle fait mal au sac, cette excuse.

Pour te faire comprendre, P’tit Pirate, je vais causer chiffres (à la louche, hein…) :

Un roman, c’est :

  • 50 000 mots, soit 300 000 frappes sur un clavier d’ordinateur (ça use les doigts, crois-moi)

  • 150 pages A4

  • 6 à 12 mois de boulot pour écrire la première version

Sur un livre à 18 euros, un auteur touche en moyenne 1,40 euro au format papier. Ça fait pas lourd, hein ? (Comme point de comparaison, c’est moins que le prix d’une bouteille de 1,5 litre de Coca…)

Allons plus loin. En 2018, le SMIC s'élève à 1498,47 euros (soit 2 iPhone de l'ancienne génération, si ça te parle plus). Un SMIC représente donc 1 000 livres vendus. Sauf qu’un SMIC, c’est un salaire mensuel. Sachant que bon nombre d’auteurs atteignent ce nombre de ventes en une année… (Tu vois le problème ou je t’ai perdu en causant mathématiques ?)

Tu vas me dire que c'est la faute des éditeurs et des libraires. Bien sûr qu'il y a d'autres acteurs dans la chaîne du livre. Voir la jolie image par ici…

Mais au final, il n’y en a pas un qui se goinfre véritablement au passage. Si tu ne me crois pas, discute un peu avec les petits éditeurs. Ils cumulent souvent 2 boulots et ce n’est pas les revenus éditoriaux qui leur permettent de payer leurs factures.

Alors, toujours trop cher, le bouquin ?

(Et si tu veux vraiment t'insurger contre les prix pratiqués, renseigne-toi un peu sur les filières technologiques ou celles du vêtement...)

« Si le livre était moins cher, je l’achèterais. »

Mon œil !

Le prix, c’est la fausse bonne excuse.

Et puis, franchement, si c’est trop cher, ça te donne le droit de voler ?

Dis, P'tite Flibustière, les jolies chaussures qui te faisaient envie, tu les as achetées en cassant ta tirelire ou tu les as volées « parce qu’elles étaient trop chères ». Et toi, P'tit Boucanier, le dernier iPhone, tu l’as chouré ?

(Bon, si tu lis ce billet depuis ta cellule, ne réponds pas.)

(Et mes exemples sont volontairement clichés.)

« Télécharger illégalement, c’est exprimer son opposition à la société de consommation. »

C’est beau hein ? Ça claque comme excuse ! (Et ça donne envie de se rouler par terre en riant comme une hyène hystérique quand elle est proférée d’un ton convaincu par des gens qui mangent MacDo, s’habillent H&M et rêvent du dernier iPhone.)

Jouer les anticonsuméristes, c’est bien joli, mais l’auteur, derrière, lui, il aimerait bien recevoir un petit quelque chose pour le boulot fourni.

Alors sois sympa, P’tit Pirate révolté, accepte de participer un peu au système et arrête d’enlever la bouteille de coca – pardon, le pain – de la bouche d’un auteur.

Dans la même veine (ajout de juin 2020, merci Pauline !) :

« L'accès à la culture devrait être gratuit. Le piratage permet de contourner les monstres capitalistes qui s'approprient le bien commun en voulant le vendre. »

Une nouvelle excuse qui claque !

Sans vouloir vexer quiconque, les innombrables romans qui sortent chaque jour n'entrent pas vraiment dans la définition du mot "culture". Les miens les premiers. (cf. wikipédia...)

Au passage, pour étendre ta culture, je t'encourage à fréquenter une bibliothèque (elles existent toujours, si, si !). Tu y trouveras tous les auteurs classiques, qui font partie intégrante de la culture française. Alors pourquoi ne pas commencer par Zola, Balzac, Racine ou Molière, P'tit Pirate ?

Les nonante ouvrages de la Comédie humaine devraient t'occuper un petit moment...



« Lire est ma passion. »

Moi, ce sont les pierres précieuses. D’ailleurs, il y a la place Vendôme pas loin, c’est cool non ?

Plus sérieusement, je suis passionnée par la grammaire (ben oui, je sais, c’est moins sexy). Mes bouquins, je les achète, je ne les pique pas dans les rayons sous prétexte que je n’ai pas les moyens de me les offrir (et crois-moi, c’est beaucoup plus cher qu’un thriller ou une romance).

(Par contre, c’est vrai que se tailler discrètos avec le Grevisse ou le Petit Robert sous sa veste, c’est compliqué… Les 2 en même temps, on n'en parle même pas.)

Mis à part ça, la patience, tu connais, P’tit Pirate ? Ce truc qui te fait désirer les choses, en rêver jusqu'à avoir les moyens de te les offrir, les mériter en somme, puis les savourer d’autant plus ? Non ? Consumérisme de m***.

« Proposer un roman en téléchargement, c’est la même chose que prêter un livre à un ami. »

Aaaaaalors. Plusieurs débilités là-dessous :

  • La première, c’est que les pirates mettent souvent TOUS leurs livres en téléchargement. Ça revient un peu à arriver avec ta bibliothèque entière chez un pote en lui disant : tiens, je te prête mes livres. Non, quand tu en prêtes un dans la vraie vie, tu n'arrives pas avec une brouette pleine. Tu n'amènes pas tout et n’importe quoi sous prétexte que tu as ça à la maison.

  • Ensuite, quand tu prêtes un livre, il ne passe que chez une personne à la fois. Quand elle te le rend, tu en discutes avec elle, puis, éventuellement, tu prêtes plus loin. Si tu as 5 000 amis (comme sur les forums de téléchargement illégal, chanceux, va !), à raison d’un prêt par semaine, il faudra presque 1 siècle pour que le livre ne te revienne.

  • Et puis, surtout, surtout, ça t’arrive souvent de prêter à des inconnus ? Si oui, donne-moi ton adresse, je suis sûre que ça peut intéresser du monde.

« Je suis étudiant, donc je suis fauché. »

Si je comprends bien ton raisonnement, quand on poursuit des études, on a le droit de voler ?

Mince, pourquoi je me suis cassé la nénette à bosser les week-ends et les vacances quand j’étais collégienne, puis universitaire ?

Si j’avais su !!!

« Je parle des livres que je lis à mes proches, et sur les groupes Facebook. Ça faite de la pub au livre et à l'auteur. »

Mais quelle chance on a, dis donc !

En fait, tu télécharges illégalement pour donner de la visibilité à mes bouquins ? Quelle abnégation ! Je te prie de me pardonner, je n'avais pas saisi tes belles intentions. Dans ce cas, ça excuse entièrement le fait que tu me piques mon travail.

Demain, je vais passer chez Hermès prendre un foulard. Quand je le fourrerai dans mon sac sous l'oeil méfiant de la vendeuse, je lui dirai : " Ne vous inquiétez pas, je le montrerai à toutes mes copines, et je ferai son éloge partout autour de moi. Ce n'est pas du vol, c'est un concept publicitaire."

C’est sûr, au magasin, ils vont m’accueillir les bras ouverts.

« Je pirate, mais si ça me plaît, j’achèterai. »

Ouais, c’est ça. Et la marmotte, elle met le chocolat dans le papier.

Vu, P’tit Pirate, que tu viens de remplir ta liseuse avec 50 bouquins en 20 minutes (et encore, c’est parce que tu es lent), c’est clair que tu vas dépenser 250 euros (en admettant que tu sois bon public et que 50 % des bouquins t’ont convaincu) pour acheter des romans que tu as déjà lus ?

Tu me prends pour une quiche ou bien ?

« Si j’écrivais et qu’on me piratait, je trouverais ça cool, parce que ça voudrait dire que mes livres sont lus et appréciés. »

Là aussi, 3 belles débilités :

  1. Ce n’est pas parce qu’on te pirate qu’on apprécie tes livres. De nos jours, tout et n’importe quoi (ou presque) finit en téléchargement illégal. Alors tu vois…

  2. Je ne connais aucun auteur qui est content de voir son bouquin sur un site de téléchargement. (Commentez si vous n’êtes pas d’accord… je peux me tromper.) (--> Mise à jour : on vient de me souffler dans l'oreillette qu'un auteur en est heureux, mea culpa. Mais je ne le connais pas personnellement.)

  3. Si j’avais simplement voulu être lue, j’aurais mis tous mes textes sur mon site ou sur Wattpad (Morsure s'y trouve d'ailleurs, de même qu'Exogènes). Si les autres sont publiés en maison et qu’il faut les payer, c’est peut-être parce que j’aimerais bien gagner un petit peu de sous au regard du travail fourni… (D'ailleurs, si tu veux faire ton choix, c'est par ici... Je te laisse par contre chercher tout seul les liens de téléchargement.)

(Mais en rediscutera quand tu seras publié, P'tit Pirate, et qu'on te piquera ton travail, d'accord ?)

Pour rappel, au cas où tu l’ignores encore, il existe des milliers de livres que tu peux lire sans payer un centime.

Si, si, je t'assure ! Tu les trouveras entre autres (appelle-moi Flo les bons tuyaux) :

  • dans des endroits magiques appelés bibliothèques (ce n’est pas qu'un concept, ça existe vraiment…) ; cadeau bonus : beaucoup proposent des livres numériques. Elle est pas belle, la vie ?

  • dans les boîtes à livres de ton quartier

  • sur Amazon

  • sur Wattpad

Et voilà, pour le plaisir des yeux, les fameuses images de la discussion :

Alors, merci qui ?

(Et si vous avez croisé d’autres bonnes justifications, n’hésitez pas à me les transmettre, je les ajouterai à cette si belle liste.)

PS : soyons parfaitement honnêtes, j'ai toujours envie de découper les P'tits Pirates à la tronçonneuse, mais ce n'était pas l'objet de ce billet.)

Pour le plaisir, quelques chiffres sur le piratage en France : https://hadopi.fr/ressources/le-piratage-en-france

(Crédit photo du pavillon façon Jack Rackham : artiste, DirtyOpi sur Pixabay.)

La liste des articles du blog : c'est par ici...

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