Partir avec des amis, ça me cause toujours une minuscule appréhension (bête, sans doute) : et si on s’engueulait, et si ensuite, on ne se voyait plus de la même manière. « On ne sait jamais ! » comme dirait l’autre.
L’autre n’est qu’un crétin… Parce qu’après plus de 10 ans passés à se fréquenter, on se connaît bien.
Alors, partir avec Mister Marsu, Lady Cat et leurs enfants, c’est top.
Surtout quand certains épisodes tiennent du film comique.
Dans l’avion…
Zurich-Punta Cana : depuis quand les passagers d’un vol long-courrier fréquentent-ils aussi assidûment les toilettes de bord ? Tapis dans nos inconfortables sièges situés juste après ce haut lieu de villégiature, nous observons un phénomène d’attraction incroyable. Au moins une chasse d’eau par minute. Pendant 10 heures… Si, si, nous avons compté.
À l’hôtel…
La réceptionniste oublie d’effectuer notre check-in. Peut-être parce qu’il est 20 heures passées, peut-être parce qu’elle s’en fiche. Résultat le lendemain : nous n’avons aucune existence informatique. Pas bien grave, a priori. Sauf quand il s’agit de retrouver une réalité tangible.
Alors la boutique m’envoie au lobby principal, qui m’envoie au lobby « VIP », qui me renvoie à la boutique, qui me renvoie au lobby « VIP ». Qui me renvoie finalement à la boutique. Un peu comme quand Astérix et Obélix doivent récupérer le formulaire A38.
Ouf, j’existe à nouveau.
Au restaurant...
Épisode 1 : Lobster forever
— Nous aimerions réserver au restaurant « Pescador ».
— C’est possible jeudi à 19 h 30.
— C’est parfait. Au fait, on peut manger de la langouste ?
— Non, en décembre uniquement.
Ah ? Si vous le dites… Et le truc qui grille, là-bas, c’est quoi ? Oh ! une langouste.
On n’a toujours pas compris la réflexion de la réceptionniste (la même qui avait oublié de nous enregistrer – cas pathologique ???).
Épisode 2 : Quatrième dimension
— Voilà votre table, nous annonce le serveur.
C’est curieux, nous sommes dans une salle séparée des autres dîneurs, avec 2 grandes tables disposées en L contre les murs. Les convives sont bien habillés, très joyeux. La nôtre, de table, ronde, se situe exactement au centre de la salle. On se sent un peu exposés aux regards. Et il y a un beau gâteau blanc sur un guéridon. On dirait un mariage.
En fait, on ne dirait pas… C’EST un mariage.
Nous dînons à notre table ronde, au beau milieu des noces d’inconnus, qui proposent gentiment du gâteau aux enfants parce qu’il en reste un morceau. Nous applaudissons aux toasts en espagnol dont nous ne comprenons pas un mot et sourions, entre amusement et gêne.
Un peu l’impression de débarquer dans la 4e dimension. (Eux aussi, du coup, je pense…)
Épisode 3 : Balade au crépuscule
La 2e semaine, nous décidons de retourner au « Buffet caribéen » parce que c’était très bon. Et qu’il y avait de la langouste (6 mois avant Noël, pourtant).
Nous nous faisons tout beaux (parce que nous le valons bien) et nous rendons d’un pas guilleret au restaurant de la piscine comme la dernière fois.
Tiens, c’est curieux, il fait tout noir. Pas de cuisiniers, pas de tables, pas de nourriture et un type qui passe mélancoliquement la serpillière dans la pénombre… bref, pas de buffet. Vérification du ticket. Tout est correct : bon jour, bonne heure, bon endroit.
Retour à la réception (compter une dizaine de minutes à pied… l’est pas tout petit, l’hôtel).
Dialogue surréaliste avec la réceptionniste :
— Heu… Il est fermé le buffet caribéen ?
— Non, il est au restaurant de la piscine.
— On en vient. Il n’y a rien.
— Vous n’avez pas trouvé le restaurant ? Je vais vous montrer sur le plan.
— On en vient, du restaurant. Il n’y a rien.
— Je vais vous montrer sur le plan le bon restaurant.
(Elle sort le plan. Zen, restons zen.)
— On en vient. On y a déjà mangé. Il n’y a rien. Tout est éteint. Pas de tables, pas de serveurs, pas de nourriture.
— Mais vous êtes bien allés au restaurant de la piscine ?
(Ben non, on a visité le mini-golf, abrutie ! Zen, restons zen.)
— Oui. Il est fermé aujourd’hui ?
— Non, il est ouvert.
— Alors il est où ?
— Au restaurant de la piscine.
— Ben non.
— Je vérifie.
2 tentatives de coups de fil plus tard au restaurant, elle se rend – enfin ! – à l’évidence : y a personne qui répond, Gaston ! S’ensuit alors le jeu du Petit Poucet : trouver le restaurant. 3 coups de fil plus tard, elle découvre, surprise, et nous aussi, que le restaurant a déménagé et occupe la moitié de l’espace du grill surplombant la mer… à 100 mètres du précédent.
Les enfants ont faim (et quand un gobelin a les crocs, il peut vite devenir désagréable), nous aussi. Sur le ticket, c’est marqué que notre table est réservée 10 minutes. Là, le temps qu’on y retourne, ça fera 30 minutes de retard. Aucun problème, nous assure l’efficace réceptionniste.
C’est quand même emplis d’un doute (ne me demandez pas pourquoi) que nous repartons sur nos traces.
Et… miam, y a de la langouste !
Au club Privilège…
Au bord de la piscine, Mister Marsu et Lady Cat se font aborder par la gentille Daphnée qui leur propose de visiter les hôtels plus « sélects » du complexe. Visite à but promotionnel, pour faire partie du club Privilège. Avec un cadeau à choix à la clé.
Mister Marsu est très enthousiaste, Lady Cat n’a guère envie de subir 60 minutes de publicité. Sauf qu’il faut être en couple pour la visite. En plus, il y a un cadeau à la clé.
Lady Cat m’appâte :
— Flo, tu n’accompagnerais pas mon mari pendant la visite ?
— Heu… bof.
— Le cadeau, pour toi, c’est une semaine de Wi-Fi gratuit…
Connectée ! Magnifique, superbe, extraordinaire, génial !
— OK.
— Par contre, tu devras être sa femme…
Heu… En tout bien tout honneur, alors.
Bref, Mister Marsu hérite de Flo-la-Cat en guise de femme, et c’est parti pour 60 minutes d’événement promotionnel. Mais comme visiter les autres hôtels m’intéresse un chouia, pas de souci.
Sauf que… ce n’est pas une visite.
Harponnés, ferrés, nous voici au bout de la ligne du club Privilège.
On nous emmène dans une grande salle dans laquelle des petites tables rondes juste assez grandes pour 3 personnes s’alignent. Il y en a au moins une trentaine. Partout, des couples et des beaux parleurs. Reste à savoir ce qu’ils veulent vraiment nous vendre.
Et un gentil monsieur nous entraîne à une table, à l’extérieur, car il n’y a plus de place dedans, et nous fait son boniment…
Pense au Wi-Fi, pense au Wi-Fi, pense au Wi-Fi.
Il commence par nous poser de nombreuses questions sur nos vacances des 3 dernières années. J’hésite entre partir en courant et éclater de rire. Mon futur-ex-mari et moi inventons au débotté un passé commun, parlons budget, désirs d’évasion.
Le gentil monsieur commence à dessiner des carrés sur une feuille, y jette des pourcentages, les barre, fait des flèches… Tout ça pour nous dire que nous avons payé nos vacances bien trop cher, mais que c’est maintenant terminé grâce au TIME SHARING !
Pour 8’500 dollars « gelés », nous bénéficierons de 30 semaines de vacances dans des hôtels tous plus beaux les uns que les autres, sur tous les continents. Et nous n’aurons plus qu’à payer l’avion et la nourriture.
Vous ai-je déjà précisé que Mister Marsu est une calculatrice humaine (un peu comme Rain Man… parfois, ça fait peur) ?
Bref, en deux temps, trois calculs, il montre que c’est trop cher et que ça ne vaut pas le coup.
On nous propose alors 10 semaines pour 2’500 dollars. Waouh ! En juillet, c’est les soldes !
Ça fait bientôt 1 heure et demie qu’on nous tient la jambe, c’est évident que nous ne signerons pas.
Bref, ils nous libèrent avec mon précieux sésame. Wi-Fi, c’est parti !
Dommage, nous n’aurons pas visité les autres hôtels.
Et sinon, qu’ai-je fait d’autre ?
- mangé (beaucoup et très bien ; vous ai-je d’ailleurs parlé des langoustes ?)
- bu (des cocktails, parce que le vin de la maison, on peut déboucher les tuyaux avec)
- lu à l’ombre du parasol
- visité l’île de Saona au son de la bachata et du merengue
- nagé (dans la mer, parce que la piscine, j’appelle ça Pipiland)
- marché sur la plage magnifique
- couru (faut bien éliminer)
- profité du mari et des enfants
- corrigé quelques textes (faut dire que les sorties approchent)
- écrit (un tout, tout petit peu… après tout, l’auteur est en vacances)
Bref, des vacances GÉNIAAALES !
Et les vacances du chat, alors ?
L’année passée, j’avais confié mon monstre de près de 9 kilos à une pension nommée « Animaux Passion Services, la pension 5 étoiles aux portes de Genève » (aps74).
Chaque chat a un espace intérieur et un jardinet privé. Pas très enthousiaste sur les constructions, mais je n’ai pas vraiment le choix.
Quand j’ai récupéré mon chat après 15 jours de pension, il était sale, avait perdu plus d’un kilo et souffrait de terribles diarrhées.
Son paquet de croquettes était presque plein, il n’avait pas d’eau dans son bol, sa caisse puait.
Bref… Je ne vous donnerai pas mon avis sur ces 5 étoiles, je crois que tout est dit.
Du coup, j’angoissais un peu pour cette année, jusqu’à ce que quelqu’un me transmette un autre nom (rien ne vaut le bouche-à-oreille) : « Mouss au pays des rêves ».
Je suis allée visiter. Même principe que l’autre, avec une différence majeure : propre, claire, pas d’odeur. Allez, je tente.
Quand j’ai récupéré mon chat après 15 jours de pension, il était plus doux qu’avant, pesait le même poids, son bol était plein et sa caisse propre.
Et quand Emmanuelle, la responsable, a ouvert sa cage, il est venu se frotter à ses jambes et s’est roulé à ses pieds.
Heu… Tu rentres quand même à la maison, Indiana ?
Bref, je suis réconciliée avec les pensions et y laisserai à nouveau mon chat les yeux fermés.
Au final, tout le monde a passé d’excellentes vacances !