🌴 Séjour au Club Med de Djerba la Douce : chroniques d’une (presque) quinqua 🌴
- Flo
- 28 juil.
- 10 min de lecture
Dernière mise à jour : 29 juil.
Ou comment j’ai survécu à quinze jours de All Inclusive entre théories de la Terre plate, plan drague foireux et langoustes à volonté

Prologue : la révélation cosmologique à 10 000 mètres d’altitude
Tout a commencé dans l’avion. Vous savez, ce moment où vous savourez la sensation que vos vacances démarrent bien (valises remplies en un temps record, avion à l’heure…). Et là, crac, votre voisine de siège remet en question les fondements de la physique moderne.
Imaginez la scène : je suis tranquillement installée, j’ai déjà déconnecté de mon quotidien de prof, quand la demoiselle d’à côté (environ vingt-cinq ans, maquillée comme une poupée, les ongles ultralongs et décorés de petites fleurs, accompagnée de sa mère) colle son nez au hublot et lâche LA question qui tue : « La Terre, elle est plate, ou elle est ronde ? »
La mère hésite, regarde à son tour avec attention, puis lâche, d’un ton incertain : « Elle est ronde, mais on dirait qu’elle est plate. »
Les deux sont à présent collées au hublot, et moi, j’hallucine complètement. En 2025, en dehors des platistes, qui doute encore ???
La fille, pas convaincue, insiste : « Tu es sûre qu’elle est ronde ? »
La mère bafouille, hésite.
Impossible pour moi de rester spectatrice de ce débat cosmologique digne du Moyen Âge. En mode prof, j’ai affirmé : « Elle EST ronde. »
Voilà comment mes vacances ont commencé : en sauvant la science à 10 000 mètres d’altitude. Un signe du destin, sans doute.
Acte I : l’art (très relatif) du cocktail au Club Med de Djerba la Douce
Le grand mystère du Mai Tai
Arrivée au Club Med. Déballage des valises, enfants installés dans leur chambre, face à la nôtre. Direction la plage et, avec les filles, le bar.
Précision : nous sommes partis entre amis. 12 personnes. 3 familles de 4, chacune avec 2 enfants. Bilan : 6 ados de 19 à 14 ans (3 filles, 3 garçons) qui se connaissent depuis leur naissance.
Première mission cruciale : trouver un barman capable de préparer un Mai Tai correct. Spoiler alert : mission impossible.
Chaque barman a visiblement sa propre interprétation créative de ce cocktail pourtant basique. Résultat ? Jamais la même couleur, jamais le même goût, jamais la bonne recette.
Désespérée, je me suis rabattue sur le planteur. Celui-là, il est presque impossible de le rater. Puis je me suis dit qu’il serait meilleur avec de l’orgeat à la place de la grenadine.
(Pour ceux qui l’ignorent, l’orgeat, c’est une boisson sirupeuse, aujourd’hui faite à base de lait d’amandes et d’eau de fleurs d’oranger.)
Et là, miracle ! J’ai rencontré Diao, le barman de la plage, qui a accepté de céder à mes caprices de vacancière. Révélation gustative !
Diao, si tu lis ces lignes, sache que tu resteras à jamais dans nos cœurs (et nos papilles). Mes deux copines suisses et moi-même, fidèles au poste à midi et dix-sept heures précises pour mon « planteur orgeat » et leurs « piscines de Prosecco avec glaçons », te remercions de ta gentillesse et de ton professionnalisme !
Quand le barman perd la boule
Épinglage en revanche de son collègue (dont je tairai le nom) qui, face à ma demande d’un « planteur avec de l’orgeat à la place de la grenadine », a d’abord versé les deux sirops dans le verre. Je l’arrête, réexplique. Il recommence le cocktail, respecte ma demande et… me sert en plus un sirop grenadine, que j’accepte pour ne pas le blesser.
Je goûte le cocktail. Ça manque à la fois d’orgeat et de rhum. Comme je ne l’ai pas vu en mettre – j’étais distraite par les copines et leurs « piscines » –, je lui demande s’il a bien mis de l’alcool.
Là, le barman disjoncte. Il me reprend mon verre, s’empare de la bouteille de rhum, arrache le bec verseur du goulot et déverse un bon déci d’alcool dans mon cocktail. Mes yeux s’écarquillent, mes sourcils se haussent jusqu’au front.
Sans rien dire, je récupère mon verre et m’éloigne. Mon cocktail s’est transformé en potion maléfique capable d’assommer un éléphant. Le goût est atroce. Merci, mais non merci !
Je veux bien que les barmans soient un peu à cran lors des rushs, mais pareille attitude n’est pas digne d’un professionnel !
Résultat, le cocktail a arrosé une plante (j’espère qu’elle n’a pas crevé) et l’une de mes amies est allée me chercher une autre boisson, auprès d’un autre barman.
Diao, tu m’as terriblement manqué ce jour-là !
Note au Club Med : une carte des cocktails ne serait pas du luxe. C’est le seul club dans lequel il n’y en a nulle part.
Et, surtout, formez vos barmans ! Les vacanciers ont besoin d’hydratation, pas d’empoisonnement.
Acte II : la salle de fitness, théâtre des passions humaines
Ah, la salle de sport ! Cet antre de tous les spectacles où l’humanité se révèle dans toute sa splendeur (ou pas).
Des machines basiques, certes, mais quel théâtre ! J’y ai découvert une faune fascinante :
Les adeptes du look « plage intégral » : claquettes, maillot de bain et torse nu. Visiblement, le panneau « équipement adapté exigé » est purement décoratif.
Les moins de seize ans rebelles qui squattent allègrement la salle malgré le (gros) panneau 16+. Qui lit les règlements à cet âge-là ?
Les généreux distributeurs de transpiration qui transforment chaque appareil en piscine salée sans jamais les essuyer. Charmant !
Narcisse…
Le clou du spectacle, c’est ce jeune homme qui a passé plus de temps à bomber les muscles de ses bras (joliment dessinés, il est vrai) devant le miroir qu’à s’entraîner.
« Miroir, mon beau miroir, dis-moi qui est le plus musclé ? »
Certitude : ce n’est pas moi.
Le kickboxeur dragueur (ou comment se faire courtiser à cinquante ans)
Autre jour, autre séance. Je suis venue seule. Au programme : une demi-heure d’elliptique, puis quelques exercices de musculation.
Sur le tapis de course voisin galope un jeune homme entre vingt-cinq et trente ans qui agrémente son effort en boxant dans l’air, façon shadowboxing. Les gestes sont précis, rapides, assurés. (J’ai pratiqué le muay thai durant quelques années, jusqu’à ce que mes hanches m’informent que ce sport n’était plus de mon âge…)
Je lui jette un coup d’œil de temps à autre. Il me sourit, je lui souris. Je suis écarlate, je dégouline de transpiration, musique sur les oreilles.
Le voilà qui descend de son tapis, se dirige vers le distributeur d’eau, se sert, boit, remplit un autre verre et… me l’apporte.
Moment de gêne. Je le remercie pour son attention, mais refuse le verre en lui montrant ma gourde pleine.
Il retourne à son entraînement, je poursuis mes ellipses sur « The Emptiness Machine » de Linkin Park.
Si vous ne connaissez pas, c’est le moment de parfaire votre culture en passant par ici : https://youtu.be/SRXH9AbT280?si=moiwkPfHsQTW7b92
Au bout de ma vie après l’elliptique, mission tractions. Lui se trouve sur la leg press, à côté. Je tente mes deux tractions et demie habituelles – un exploit dont je suis secrètement fière, même si le résultat reste lent et laborieux.
Une fois redescendue, ma curiosité l’emporte : « Vous faites de la boxe ? »
Il sourit, ravi de l’intérêt : « Du kickboxing ! Vous venez d’arriver ? »
« Non, ça fait déjà une semaine. »
On échange quelques banalités, puis il glisse LA question : « Vous êtes venue seule ? »
Ah. Voilà où il voulait en venir. Je souris intérieurement : l’ombre des « Bronzés » commence à planer dans la salle. Certains clichés du Club Med ont la vie dure…
« Non, je suis là avec mon mari et mes enfants. »
Ses yeux s’arrondissent comme des soucoupes. « Tu as des enfants ?! »
Le tutoiement spontané me fait sourire. « Oui, de seize et dix-neuf ans. »
« Mais tu as quel âge ? », s’étonne-t-il, le cerveau manifestement en train de recalculer les données.
C’est plutôt flatteur, cette façon qu’il a de chercher la faille temporelle, mais il est temps de faire partir son plan drague en fumée : « Cinquante ans. Enfin, quarante-neuf… mais ça revient au même ! »
Je m’éloigne pour mes étirements, pensant que l’épisode s’arrête là. Sauf qu’il s’approche pour une ultime tentative, avec l’optimisme du dragueur qui refuse d’admettre sa défaite : « Tu veux faire un hammam avec moi ? »
Je décline, amusée malgré moi. Être abordée à presque cinquante ans, surtout durant une séance de sport, rouge, transpirante, le cheveu en bataille et le déo qui s’est fait la malle, c’est étrange… mais pas désagréable.
Entracte : fierté maternelle
Dans le registre des bonheurs familiaux, mon fils cadet a remporté un concours de tir à l’arc ! Un vrai Guillaume Tell des temps modernes, avec un arc à la place d’une arbalète.
Acte III : les héros méconnus du Club Med de Djerba la Douce
La F&B manager, cette perfectionniste
Coup de chapeau à la Food and Beverage Manager : une jeune femme charmante qui tient ses brigades d’une main de fer (aucune idée pour le gant de velours) et garde l’œil sur tout !
Et qui n’hésite pas à mettre la main à la pâte.
Exemple : alors qu’elle participe au service d’un sandwich chaud au poulet, elle remarque que les oignons sont coupés de manière si grossière que lorsqu’elle tente d’en mettre un peu dans mon pain, c’est littéralement un demi-oignon qui y atterrit.
Je n’aurais pas aimé être à la place du cuistot qui a pris son mécontentement dans les dents…
Le ballet matinal des tractopelles
Parlons du combat quotidien du Club Med contre l’érosion de la plage. Car oui, entre les modifications du littoral et l’arrivée massive des herbes marines, c’est David contre Goliath version sable et algues.
Heureusement, le Club ne baisse pas les bras ! Tous les matins a lieu le ballet des tractopelles qui enlèvent les monceaux d’algues et remettent du sable.
Certes, le réveil aux bruits d’engins de chantier sur une plage paradisiaque n’est que peu agréable, mais le résultat en vaut la peine.
Acte IV : plaisirs gustatifs et mystères aquatiques
Le festin du 14 juillet : métamorphose en crustacé
Pour le quatorze juillet, le Club Med nous a offert un magnifique buffet autour de la piscine avec des langoustes à volonté !
Ça faisait bien dix ans que je n’avais pas mangé de langouste, et encore moins jusqu’à en faire exploser les coutures de ma robe. Je pense qu’une carapace a commencé à pousser sur moi à la fin de cette soirée.
Beurp !

La piscine intérieure : entre oasis et marécage
Cette piscine (température de l'eau estimée à environ 28°) était notre salut quand la mer atteignait jusqu’à trente-huit degrés et qu'on avait l’impression de pénétrer dans son bain.
Sauf que… disons que la piscine a quelques soucis existentiels. Les filtres fonctionnent moyennement, ce qui donne lieu à des surprises peu ragoûtantes : des touffes de cheveux qui se prennent dans les doigts lorsqu’on nage, façon toile d’araignée multicolore, une eau parfois si trouble qu’on se demande si on n’est pas en train de tester le bain de boue.
Elle a même dû être fermée à deux reprises durant notre séjour…
C’est l’effet yo-yo permanent : très claire le matin (là, on ose s’y baigner), très trouble le soir (là, on se demande si on ne va pas finir avec des pustules sur tout le corps).
Dommage, car cette magnifique piscine est vraiment un gros plus pour le complexe.

Acte V : l’incivilité, ce fléau, même en vacances
Le syndrome du vacancier fantôme à la plage
Phénomène fascinant : certaines personnes réservent les transats dès 6h du matin en y posant leur linge… et ne se pointent à la plage que l’après-midi !
Tous ces transats « occupés » par des fantômes pourraient servir à des gens réellement présents. Aka : NOUS !
Les charmants voisins de minuit
Mes amies ont eu droit vers deux-trois heures du matin à des jeunes qui frappaient aux fenêtres ! Ce qui signifie que ces charmants ados respectueux de l’espace et du sommeil d’autrui ont enjambé les murets des balcons pour toute la rangée de chambres.
Délicieux réveil !
L’art parental du XXIe siècle
Perle éducative : une maman qui, pour punir sa fille hurlante, l’abandonnait dans le couloir à vingt-deux heures ! Histoire que sa progéniture ne lui casse pas les oreilles. Résultat : toutes les chambres alentour bénéficiaient du concert gratuit.
Ados et adultes, du pareil au même…
Les GO ont organisé un concours de châteaux de sable pour le mini-club. Activité charmante, participation enthousiaste des enfants, bref, tout ce qu’il faut pour égayer une après-midi ensoleillée.
Après le concours, nos gentils organisateurs rangent le matériel dans un sac gigantesque – bien un mètre vingt de hauteur, énorme – rempli de tamis, de seaux, de pelles en plastique coloré. Ils le déposent sur le chemin et retournent sur la plage ranger le reste.
Une dame et fille d’une vingtaine d’années passent à côté du sac, le heurtent. Le sac bascule, le matériel s’éparpille sur les dalles. Mère et fille regardent le carnage, se regardent et… repartent comme si de rien n’était.
Pas une excuse, pas un geste pour ramasser. Elles disparaissent en direction du bar, laissant derrière elles un champ de bataille de jouets éparpillés.
Avec deux autres personnes témoins de la scène, nous nous regardons, interloqués. Puis, sans nous concerter, nous ramassons le matériel et le remettons dans le sac.
Un minimum de savoir-vivre, ça existe encore ? Apparemment, pas pour tout le monde.
Même jour, dîner, stand de pizza. La queue s’allonge. Un groupe d’ados arrive, dépasse, commence à se servir. Chacun pour soi et Dieu pour tous. Et personne ne dit rien. J’observe, pince à pizza en main, cette démonstration d’incivilité.
Le summum ? Une ado qui tente de m’arracher la pince des mains pour se servir, avec l’assurance déconcertante de celles qui considèrent que le savoir-vivre, c’est pour les autres.
Mais nom de bleu, c’est quoi ça ?! On est en vacances, d’accord, mais est-ce que ça excuse tout ?
Le respect des autres fait-il partie de ce qu’on laisse à la maison le jour du départ en vacances, afin de ne pas trop alourdir ses valises ?
Épilogue : pêche miraculeuse et mystères de Djerba
Fidèle à mes habitudes écolo, j’ai rapporté de mes baignades quelques trésors : bouteilles plastiques (classique), sachets divers (classiques aussi), une capsule de café, un pot de yogourt, un morceau de plateau de table de soixante centimètres sur quarante (plus étonnant) et, cerise sur le gâteau, une botte de jardinier en caoutchouc, pointure quarante-trois environ.
Mais qui perd sa botte dans la mer ? Les mystères de Djerba restent entiers…
Allez, les gens, faites pareil, la mer vous remerciera !
Le mot de la fin
Le Club Med Djerba La Douce n’atteint peut-être pas le niveau des quatre tridents, mais ces vacances ont été agréables et reposantes ! Cette douceur de vivre particulière à l’île et surtout ces employés formidables qui se démènent pour satisfaire les vacanciers ont fait toute la différence.
Mention spéciale aux GO et GE (gentils employés) qui permettent à l’esprit Club Med de perdurer malgré les petits défauts.
Car oui, il y a les algues, la piscine intérieure capricieuse et quelques comportements de vacanciers qui feraient pâlir un manuel de savoir-vivre. Mais grâce à nos amis et à l’investissement sans faille du personnel, ces imperfections se sont métamorphosées en anecdotes.
Ci-dessous : Lucille la cafarde, rencontrée un soir / Tentative de meurtre au paddle sur photographe innocente / Le must des vacances : les doigts de pied en éventail
Ah, et avec des températures frôlant parfois les 45 degrés ressentis, on a vraiment apprécié chaque coin d’ombre et chaque moment de fraîcheur !
Au final, Djerba La Douce m’a offert exactement ce que j’étais venue chercher : du soleil, des rires et la mer, nécessaire à mon ressourcement avant la reprise du mois d’août.
Et vous, les gens, c’était comment vos dernières vacances ? Des théories de la Terre plate à partager ?
Bises de Genève, sans soleil !

PS : merci à mon amie Manu, pour les belles photos
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