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Bilan de fin d'année scolaire : de l'auteure à la prof...

  • Photo du rédacteur: Flo
    Flo
  • 26 juin
  • 7 min de lecture

Dernière mise à jour : 27 juin

EPIC FAIL au concours FYCTIA 🌞🐾🕷️


Vendredi 28 mars, fin de matinée, terminal Eurostar de St Pancras International. Dans cette zone d’attente bondée, ma collègue, une élève et moi sommes serrées autour d’un café, une bonne heure avant de reprendre le train pour Paris. L’ambiance est paisible, nous digérons nos quatre jours londoniens, quand, je ne me souviens plus pourquoi, la conversation dérive sur le concours « Noël Surprise » de Fyctia.


Je suis à la recherche d'une idée qui sorte des sentiers battus, loin des clichés traditionnels de Noël. L’Australie émerge dans nos échanges : là-bas, c’est l’été en décembre. Nos neurones se mettent en branle : exit la neige, le chocolat chaud et les soirées au coin du feu, bonjour le barbecue sur la plage. Des animaux locaux surgissent dans la discussion, l’originalité prend forme… et soudain, Surf Wombat et Tarentule naît de ce brainstorming improvisé. (En réalité, il s'agit d'une araignée huntsman, qui peut mesurer jusqu'à 19 cm de diamètre de patte à patte.)


Source de l'image originale : Bugs_and_Biology sur Reddit
Source de l'image originale : Bugs_and_Biology sur Reddit

L’intrigue se dessine autour de deux personnages : Océane, une ancienne snowboardeuse professionnelle qui fuit un passé douloureux, et Kaiyu, un ex-trader de Melbourne qui a abandonné sa vie de requin en costume-cravate pour vivre près de l’océan. Ils vont se rencontrer sur les vagues de Waitpinga, se disputer, s’apprivoiser… le tout dans l'ambiance si particulière du Noël australien, où les décorations scintillent au soleil.


Une fois rentrée, je me lance. Quelques chapitres naissent sous mes doigts, puis la vraie vie reprend ses droits : tornade des épreuves semestrielles, examens de maturité à préparer, deux nouvelles à rédiger pour mes maisons d’édition… Mon récit de surf reste en rade sur la plage, comme une planche oubliée après la session.


Je reprendrai son écriture plus tard…


Mais remontons le temps pour revenir à Londres… et vous raconter mon quotidien d’enseignante en fin d’année.


 

Londres (aka le voyage des sages)


Je suis partie avec 14 élèves de ma classe et 6 d’autres classes, accompagnée d’une collègue passionnée de salsa – une danseuse exceptionnelle, toujours souriante, avec une énergie communicative qui met de la bonne humeur dans chaque journée.


Premier frisson à l’arrivée : notre hôtel disparaît sous un enchevêtrement d’échafaudages. Pendant quelques secondes de flottement cosmique, on se demande s’il est toujours ouvert. Spoiler : oui, et le séjour sera très agréable.


Le voyage des sages – mon surnom secret pour cette escapade sans sortie en boîte de nuit. Trois jours au triple galop dans Londres : London Dungeon, London Eye, Madame Tussauds, musée d’histoire naturelle, British Museum, palais de Buckingham… et j’en passe ! Au London Dungeon, ils ont beaucoup sursauté (et donc moi beaucoup ri) et je me suis retrouvée enfermée dans une cage pour sorcellerie. Malheureusement pour les élèves, je suis parvenue à en sortir.


Nous avons aussi participé à une soirée d’initiation à la salsa au Salsa Temple – tous ont joué le jeu avec un bel esprit (même s'il a fallu en pousser/tirer/traîner certains sur la piste de danse). Une fois le moment de gêne oublié, beaucoup de rires et de déhanchés.


Bien évidemment, du temps libre pour le shopping sur Oxford Street, particulièrement apprécié. L’activité la plus répétée durant ces cinq jours ? Compter jusqu’à 20 afin de s’assurer qu’aucun ne reste en rade.


Certains jours, nos smartphones ont affiché plus de 20 kilomètres de marche au compteur. Résultat ci-dessous :

Chaussettes après 20 km de marche...
Chaussettes après 20 km de marche...

Sont-ils ressortis en douce après avoir signé la liste de présence ? Mystère. Toujours est-il qu’ils étaient tous présents au petit déjeuner, plus ou moins réveillés. Quelques moments d’agacement avec des retardataires, quelques rappels à l’ordre, mais globalement, ce voyage est une belle réussite. J’ai découvert mes élèves sous un angle différent, beaucoup discuté et ri avec eux, et cela fait partie de la magie de l’enseignement.



Deux années avec cette petite troupe


Je les ai récupérés en troisième année – 24 élèves, puis 23 en quatrième. Un joli tirage au sort. Tous différents, mais un groupe dégageant une énergie positive et un humour (parfois particulier...) qui transforment les lundis matin en moments agréables.


Il y avait ce groupe de jeunes filles rayonnantes, toujours partantes, qui apportaient une légèreté précieuse en classe. Ce duo garçon-fille du fond aussi : elle s’occupait de lui avec une patience d’ange. Ces garçons qui participaient toujours… Et puis cet élève qui oubliait religieusement de rendre ses excuses dans les temps, mais acceptait avec un grand sourire les sanctions.


Certains traversaient des zones de turbulences familiales. J’ai essayé d’être là, en filigrane, de les écouter et de tendre une main discrète. Parce que derrière chaque bulletin scolaire, il y a une vraie vie qui se construit.


 

À la manière de Bouvier…


Défi littéraire de l’année : Le Poisson-scorpion de Nicolas Bouvier. Un texte exigeant, truffé de références qui nous ont tous fait suer - eux comme moi ! Première fois que je m’y aventurais en classe (pas de mon propre chef, avouons-le), et nous avons tous ramé dans le même bateau, chacun à notre rythme. (Heureusement, je ramais plus vite qu'eux.)


La dernière semaine, je leur ai demandé d’écrire, à la manière de Bouvier, leur meilleur et leur pire souvenir. Ton rétrospectif, surécriture, la totale ! Ce soir-là, en découvrant leurs textes, les larmes me sont montées aux yeux. Du sensible, du profond, de l’inattendu, quelques cœurs qui ont déposé leur fardeau. Un moment littéraire qui m’a retournée. Merci les élèves, du fond du cœur !


 

La Soirée des pierres jaunes : tradition qui dure depuis plus de 30 ans


Apothéose de fin d’année (pour les élèves surtout) : la Soirée des pierres jaunes. Rituel incontournable organisé par et pour les quatrième année, durant laquelle, entre autres, ils décernent des « pierres jaunes » à leurs profs. Palmarès habituel : plus belle calvitie, plus belle barbe…


Petit pincement féministe aux ovaires en constatant le manque cruel de catégories réservées aux enseignantes. Allez les jeunes, il est temps de revoir votre copie !


J’ai participé au concours de dictée version étudiante : intégrer des mots comme « rhalas » (orthographe toujours mystérieuse) ou « étron » (que j’ai diplomatiquement contourné). Culture littéraire, orthographe créative – joyeux bordel assumé ! (Sans surprise, j'ai perdu...)


Moment d’anthologie : le bras de fer profs versus élèves. Déroute quasi-totale des « vieux » face aux jeunes costauds.


Fin de soirée en mode t-shirts jaunes à faire signer par camarades et profs. Tendresse et nostalgie dans l’air. J’ai souri intérieurement devant certaines demandes de signatures : quand il ne reste plus, sur une jeune fille, que… disons la partie bombée du t-shirt comme espace libre, on cherche stratégiquement un petit coin d’épaule encore vierge.


 

Mardi 24 juin : une remise des maturités caniculaire


Cérémonie officielle par 34°C.19h00, tenues de fête, et nos « parties tendres » qui cuisent sur des chaises en plastique noir chauffées au soleil depuis l’aube. L’élégance mise à rude épreuve !


Partie protocolaire avec discours du directeur, de la conseillère d’État Anne Hiltpold, du comité d’élèves, intermèdes musicaux. Puis le palmarès : fierté de prof pour une de mes élèves doublement primée dans le domaine artistique et deux autres récompensées pour leurs excellents travaux de recherche de maturité.


Première distribution de maturités gymnasiales pour moi (habituée aux maturités commerciales). Dizaines d’embrassades, quelques larmes essuyées… ils ont déployé leurs ailes et vont s’envoler. Après deux ans ensemble, ça remue.


Transformation magique aussi : ces ados en jeans-baskets toute l’année sont métamorphosés en jeunes adultes élégants, chemise blanche et pantalon noir, robes de soirée chamarrées et talons hauts. (Gare aux trous entre les dalles.) Vertigineux et touchant.


Une jolie attention de la part de mes 4M.
Une jolie attention de la part de mes 4M.

Je vais tout de même attendre la fin de la canicule pour me rendre chez Läderach et dévaliser leur rayon de chocolat au lait !


 

Retrouvailles avec les anciens : le bonus émotion


Autre bonheur de la soirée : revoir les anciens. Ceux qui reviennent soutenir leurs ex-camarades, nous raconter leur nouvelle vie – uni, année sabbatique, formation pro… Les voir grandir, évoluer, se transformer. Parfois, peiner à les reconnaître.


Surtout, pouvoir échanger sur un pied d'égalité : plus de bulletins ni de devoirs entre nous, juste des conversations à bâtons rompus, des échanges souvent drôles ou pleins d'émotions. Qu’ils reviennent nous saluer, encore et toujours, reste l’un des plus beaux cadeaux du métier.


 

La cerise sur le gâteau : leurs mots sur les bilans de fin d’année


Sélection de quelques phrases qui m'ont émue ou fait sourire :


« Je vous admire de réussir à nous garder disciplinés pendant 4 heures par semaine ! »

« Certains profs ne savent pas enseigner ou sont hypocrites, mais ce n’est pas votre cas. »

« Le cours est super, il y a une bonne ambiance, mais quand même sérieuse, et on travaille. »

« Bonne gestion entre rigolade et enseignement. Bonus : la prof sourit toujours et ne crie jamais. »

« Depuis que je suis à l’école, j’ai toujours détesté les profs qui enseignaient des matières dans lesquelles je n’avais pas la moyenne, jusqu’en troisième année. Vous êtes la seule et unique prof que j’apprécie beaucoup, alors que je suis nulle en français. » (PS : ce n'est pas vrai, cette élève n'est ABSOLUMENT pas nulle !!!)

« Vous avez été très compréhensive, vous m'avez mise en confiance et vous m'avez fait prendre plus confiance en moi. » (Petite victoire pour moi.)

« Vous êtes incroyable. J’espère vous avoir l’année prochaine parce que j’aime beaucoup vos cours. Bonnes vacances et ne changez RIEN. »

« Au tout début, je n’aimais pas trop votre cours. Mais un jour, vous êtes venue vers moi et vous m’avez dit que je pouvais remonter mes notes. Alors, depuis ce jour, je vous ai adorée. » (PS : cette élève est promue en 2e année sans difficulté ! Prof heureuse !)



🎻 Et côté écriture : « Désaccordée » a vu le jour !


Entre deux corrections de copies, j’ai aussi eu la joie de voir paraître « Désaccordée » aux éditions Okama. Un roman young adult commencé en 2019, nourri au chocolat suisse (au lait, évidemment) et à la bourse de création littéraire de Pro Helvetia.


Tempérance, seize ans, violon toujours à proximité, rêve de décrocher la place de Premier Violon solo. Mais la vie a décidé de jouer sa propre symphonie… Un roman qui parle d’amitié qui se fissure, de regards troublants, et de ces lignes qu’on franchit sans s’en rendre compte.


Toutes les infos sur ce billet de blog : Désaccordée, un roman young adult

 

Voilà – bilan de cette fin d’année pétillante ! Entre surf-romance avortée et maturités réussies, entre Bouvier et pierres jaunes, cette année aura été un concentré de vie, de partage et de surprises.


Et maintenant… place aux vacances ! 🌞

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