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E-books : auteur édité ou auteur auto-édité ?


Pourquoi cette question ?

Parce que cela influencera d’une manière ou d’une autre l’e-book que vous téléchargerez, plein d’enthousiasme, sur la liseuse que vous venez de recevoir.

Rappel des bases :

Selon l’Express (en 2012), 1 manuscrit sur 6'000 reçus par la Poste est publié par une « vraie » maison d’édition. Les chiffres des envois par courriel sont inconnus. Chiffre concret : la maison Gallimard reçoit à elle seule 6'000 manuscrits par année…

En France, en 2008, selon un article de Rue 89 Eco, environ 150 écrivains vivent confortablement de leur plume (exemples : Anna Gavalda, Fred Vargas, Amélie Nothomb, Marc Lévy…).

Mais, toujours d’après cet article, 98% des écrivains français se voient dans l’obligation d’exercer un autre métier, souvent lié à la littérature (édition, journalisme, professeur…).

Tiens… ça me rappelle quelqu’un…

Et ensuite, quand on fait un petit tour (et puis s’en vont) sur Amazon, en littérature, plus de 2'000 e-books voient le jour par mois. Se pose ainsi la question de la qualité. (C’est bien là que le bât blesse.)

Pour moi (vous avez le droit de ne pas être d’accord), les voies qui mènent au livre sont, pour l’auteur, au nombre de 4 :

  • la voie « traditionnelle » : maison d’édition à compte d’éditeur (l’auteur ne paie absolument rien). Les maisons se classent en catégories distinctes (grandes, moyennes, petites…) et ont des moyens différents pour la diffusion et la distribution. Donc la visiblité de l’auteur varie. Les « plus » dans les bonnes maisons : un comité de lecture qui choisit le manuscrit, un illustrateur professionnel pour la couverture, un système de corrections éditoriales qui permettra d’améliorer encore le chef-d’œuvre envoyé.

  • la voie « alternative » : auto-publication par choix. L’auteur a écrit un texte de qualité et a fait le choix de maîtriser la chaîne de création du début à la fin. Il assume tout, de l’écriture à la vente de son livre.

  • la voie « désespérée » : auto-publication parce que personne n’a voulu de son manuscrit. (L’auteur est un génie incompris.)

  • la voie « sans issue » : compte d’auteur (le montant demandé fait mal aux dents)

Qu’on se le dise, je suis fermement opposée à l’auto-édition si elle ne découle pas d'un choix réel de l'auteur.

Pourquoi ?

Parce que certains auteurs qui pratiquent l’auto-édition ne sont que des scribouilleurs qui estiment que les maisons d’édition n’ont pas compris leur génie ou qu’elles cherchent à s’emparer de leur chef-d’œuvre. (Si, si ! Paranoïa suraigue…)

La seconde catégorie qui m’horripile est celle qui veut pondre 3 romans (autrement appelés daubes) par année pour vivre de son écriture alors que la forme est déficiente (je ne parle même pas du fond).

Et donc, les manuscrits de ces auteurs-là ne trouvent pas preneurs parce que (biffez la mention inutile s’il y a en a une) :

  • la grammaire est si mauvaise que les phrases sont incompréhensibles

  • l’orthographe fait mal aux yeux

  • le style est semé de répétitions, de verbes faibles et d’adverbes inutiles

  • la maîtrise de la concordance des temps aboutit à des phrases du type : « Soudain, il eut une apparence différente : son manteau et ses vêtements d'homme ne furent plus. Désormais, il porta un majestueux accoutrement. Il ressembla à un prince. » (Gloups !)

  • le récit (totalement inédit et gare à celui qui chercherait à le plagier !) a été inspiré par le dernier blockbuster américain

  • le scénario est truffé d’incohérences

  • les dialogues sont aussi plats qu’une hostie

Malheureusement, ceux-là font beaucoup de tort aux autres.

Ces auteurs en devenir (ou sans avenir…) n’ont pas (encore ?) compris que :

  • Non, tout le monde n’est pas capable d’écrire un texte publiable sans un minimum de travail… en commençant par les bases de l’orthographe.

  • Non, leur génie n’est pas incompris…

  • Non, choisir une police gothique et imprimer son roman ayant pour héros des vampires sur du papier écarlate n’est pas une preuve d’originalité pour une maison d’édition.

  • Non, faire relire son roman à papa, maman, la prof de français et le meilleur copain ne suffit pas… de VRAIS bêta-lecteurs, on a dit !

  • Non, ce n’est pas parce qu’on a eu une bonne note à ses rédactions (racontez votre week-end, décrivez votre animal préféré, etc.) qu’on est « auteur ».

  • Non, ce n’est pas parce qu’on a écrit trois romans (daubes ?) qui dorment dans ses tiroirs ou qu’on les a publiés à compte d’auteur qu’on est « écrivain ».

  • Non, tout le monde ne veut pas piquer la génialissime idée qui leur est venue.

Et les autres, alors ?

Ce sont les bons auteurs auto-édités, parce qu’il y en a beaucoup.

Qu’entends-je par « bons » ?

  • Ceux qui ont fait un choix réel et réfléchi en prenant la décision d’auto-éditer leur texte. Ne s'improvise pas "auteur-correcteur-créateur-diffuseur" (et j'en oublie certainement !) qui veut.

  • Ceux qui font relire leur manuscrit par des bêta-lecteurs compétents et qui se remettent en question si on les critique. Qui passent des heures à retravailler leur scénario, réécrire, corriger.

  • Ceux qui, si nécessaire, font appel à un correcteur professionnel afin de publier un texte propre.

Ceux-là, je respecte infiniment leur travail et les lis avec plaisir.

Et les maisons d’édition, dans tout ça :

Piqûre de rappel à l’usage des auteurs débutants (même si je débute encore, pour ces points-là, je ne me fais plus avoir… encore heureux) :

  • Une maison d’édition ne vous fait pas payer. Pas le moindre centime. Rien. Jamais.

  • Une maison d’édition ne vous propose pas un service de correction « en option ».

  • Une maison d’édition ne vous demande pas d’acheter un certain nombre de vos livres « pour que vous vous impliquiez davantage ».

  • Une maison d’édition ne vous demande pas à quel prix vous désirez vendre votre livre.

Et j’en oublie certainement !

A ce propos, le guide « Audace » (Guide à l'usage des auteurs cherchant un éditeur) de l'Oie Plate, qui recense la majorité des maisons devrait rejoindre la bibliothèque de tous les écrivains en herbe.

Parce que, c'est vrai, certaines maisons d'édition ne sont pas top non plus...

Mais en terme de statistiques personnelles, j'ai été mille fois moins déçue par un e-book acheté à une maison que par un e-book acheté à un auto-édité. (statistique extrêmement précise... à la louche près)

Alors, en terme d’e-book, comment « acheter du bon, du lourd, du prenant » ?

À découvrir dans « Traverser la jungle d’Amazon… » (à venir).

Pour terminer, un mot sur ma propre expérience (parce qu’on apprend de ses erreurs et que j’en ai commis un certain nombre) :

J’ouvre la parenthèse :

Il y a près de 10 ans, j'ai publié à compte d'auteur. À l'époque, on ne trouvait pas grand-chose à ce sujet sur internet et, même après m'être renseignée auprès d'auteurs (si, si !) personne ne m'a mise en garde. (grrr et re-grrr !)

Bref, beaucoup d'argent perdu, un résultat nul et le sentiment d'être mal vue auprès des maisons sérieuses.

À partir de là, changement de cap.

Travail sérieux sur le style avec une amie correctrice professionnelle, autrement surnommée « Pygmalion » ou « Terminator ». Je m'en prends plein la figure, je serre les dents et je progresse. (Je ne la remercierai jamais assez...)

2e roman, une proposition d'édition... que je refuse au dernier moment, estimant que la maison n’est pas une « vraie bonne maison ». (Ce qui s'avère exact après quelques années de recul.) Peu d'éditeurs démarchés, plus l'envie, plus le courage... Je laisse tomber.

Entre temps un mari, deux enfants, un travail que j’aime et qui m'absorbe. Je mets l’écriture entre parenthèses.

Février 2014, la page blanche me titille. Je me dis que c'est maintenant ou jamais.

Pour voir si ça vaut la peine de persévérer, ou s'il faut que je laisse tomber (tourner la page, faire le deuil de mon inégalable génie, passer à autre chose et toussa) je participe à énormément d'appels à textes et... je suis sélectionnée plus souvent qu’à mon tour (inégalable génie… l’ai-je déjà dit ?).

Les comités qui me refusent (z’ont pas compris le terme inégalable) me donnent parfois des retours détaillés qui me permettent d'avancer encore.

Donc, à l’usage des jeunes auteurs : il faut persévérer, mais aussi savoir mettre son texte dans un tiroir pour passer à autre chose (teeellement difficile), avec peut-être l'espoir de l'en ressortir 10 ans plus tard et le transformer, grâce à l'expérience acquise.

Il faut aussi envisager de travailler avec un professionnel pour s'améliorer... et surtout, surtout, savoir se remettre en question...

J'ai pris plein plein plein de coups (en pleine g***), et le plus dur, ça a été de me dire qu'ils étaient justifiés.

Je referme la parenthèse.

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