Ça y est, vous avez acquis une liseuse et vous vous réjouissez de la remplir à ras bord (y arriverez-vous ?) de livres électroniques tous plus passionnants les uns que les autres.
Alors vous vous engagez sur les chemins tortueux d’Amazon (ou d’ailleurs) et découvrez les centaines de milliers de possibilités qui s’offrent à vous.
Il y en a pour tous les goûts, à tous les prix. Quel univers enchanteur !
Enthousiasmé(e) par cet accès à l’infini de la lecture, vous achetez quelques ouvrages d’auteurs que vous connaissez, puis vous vous laissez tenter par des ebooks d'auteurs inconnus, ceux qui apparaissent dans le convoité « Top 100 » du classement Amazon, ou encore ceux qui sont gratuits, ou ceux dont le titre vous plaît, ou ceux dont la couverture vous attire, ou… ou… ou…
Et là, désenchantement.
O rage, ô désespoir, ô e-book ennemi !
N’ai-je donc tant vécu que pour lire cette infamie ?!
Orthographe lamentable, phrases mal construites, scénario bancal, dialogue d’une pauvreté crasse (plat comme une hostie…), répétitions, verbes faibles, pluie d’adverbes indigestes, tics de langage, etc.
Vous êtes écoeuré(e), triste, à la limite de balancer votre liseuse par la fenêtre (elle ne s’en remettrait pas, par opposition à un livre papier… mais c’est un autre débat).
Pourtant, les commentaires des lecteurs étaient bons… la couverture attrayante… et c’était le no 18 de l'incontournable top 100 !
Bien, allons-y ! L'ebook d'un auteur inconnu vous fait de l'oeil ?
Besoin de quelques conseils pour ne (presque) plus être déçu(e) ?
Conseil de base : lire un extrait si possible ou le remboursement.
Si l'extrait vous plaît, commandez l'e-book, puis lisez quelques pages de plus.
Au final, si vous n'êtes pas convaincu(e), renvoyez-le !
(Comme vous reposeriez un livre papier sur l'étagère d'une librairie.)
Sur Amazon, par exemple, pour retourner un livre Kindle, il suffit de :
Se rendre sur Gérer votre contenu et vos appareils.
Depuis la section Votre contenu, sélectionner Actions à côté du livre que vous souhaitez retourner, puis Retour pour remboursement.
Dans la fenêtre qui s'affiche, sélectionner Retour pour remboursement.
Pour les autres sites d’achat… renseignez-vous AVANT l’achat…
Si vous n’avez pas envie de jongler avec les systèmes de remboursement, il vous faudra vous intéresser à différents éléments, à savoir :
I. La maison d’édition : connue ? inconnue ? présente ? bizarre ? Plusieurs cas de figure :
1) son nom figure sur la couverture ?
a) vous la connaissez, c’est une maison à laquelle vous faites confiance : pas de souci !
b) vous ne la connaissez pas ? Une courte recherche vous en apprendra plus.
Vous tomberez alors peut-être sur :
- une maison inconnue… Faites un tour sur son site, regardez si elle publie plusieurs auteurs (explication ci-dessous), si vous trouvez quelques chroniques de l'ouvrage ou quelques commentaires FIABLES (explications au point II de cet article). Et fuyez comme la peste les maisons qui pratiquent le compte d'auteur (liste sur le site de l'Oie plate, une référence en la matière).
- un prestataire de services : bon nombre de prestataires de services (Edilivre, Bookelis, Atramenta, etc.) font apparaître leur logo sur la couverture. La différence, c’est que ce ne sont pas des maisons d’édition.
Ils publient tout et n’importe quoi. Ils ne refusent aucun texte et leurs services de correction sont payants… donc peu utilisés par les auteurs qui en auraient le plus besoin. (Chaussez vos lunettes de soleil et vos crampons... terrain glissant...)
Pour information, Edilivre indique sur son site : « 1er éditeur de France », « maison d’édition alternative »… mais n’est pas une maison à proprement parler… juste un prestataire de service... (J'insiste, j'insiste.)
Creusez un peu plus profond, donc. Passez aux points III et IV. (Et oubliez le II dans la majorité des cas...)
- une maison… qui n’en est pas une : parfois, les auteurs pratiquant l’auto-édition créent un label, ou une pseudo-maison d'édition... Je ne suis pas fan du procédé...
Un truc pour les repérer : ces maisons qui n'en sont pas (car, entre autres, complètement fermées à l'envoi de manuscrits) ne publient généralement qu’un (voire deux) auteur(s)…
Creusez un peu plus profond, donc. Passez aux points III et IV. (Et oubliez le II dans la majorité des cas...)
2) pas de nom de maison d’édition sur la couverture ?
C’est de l’auto-édition.
Vous y trouverez, comme dans les maisons d'édition, du très bon et du très mauvais (davantage selon moi qu'en maison traditionnelle, au vu de l'absence de sélection).
Et, mesdames et messieurs les autoédités, ne dégainez pas le lance-roquettes : ce n'est pas une critique (je caresse l'idée d'autoéditer certains textes plus tard), mais un constat qui découle de mes propres déconvenues...
(Voir mon article "Ebooks : auteur édité ou auteur auto-édité")
Et lire les commentaires ne suffira malheureusement pas… Rendez-vous aux points III et IV.
II. Les commentaires
Ah ! 25 commentaires, presque tous positifs. Vous pensez avoir déniché la perle rare, le roman de vos rêves ? Je me dois de briser vos illusions…
Ne vous fiez pas aux apparences. Sur Amazon, vous pouvez cliquer sur le nom du commentateur et lire tous ses commentaires. Et là, surprise : L’auteur du commentaire dityrambique n’en a écrit qu’un seul et unique… celui que vous venez de lire.
Et au final, sur les 25 commentaires, les 22 positifs ont été peaufinés par de si grands lecteurs devant l’éternel qu'ils n’ont commenté qu'un seul livre… (ou 2-3, mais ça ne compte pas...)
Amis, famille, proches de l’auteur… personne payée pour commenter (sic !)… Ce sont des avis peu objectifs. (Un peu comme quand votre petitou revient avec son dessin que vous ne savez pas dans quel sens tourner et que vous lui dites "Comme c'est beau, mon chéri ! ... Qu'est-ce que c'est ?")
Bref, passez votre chemin.
Les commentaires rédigés par des personnes ayant une activité régulière sur des achats vérifiés sont bien plus valables… pour autant que vous ayez les mêmes goûts qu’elles, car un commentaire, dans le fond, c’est le ressenti d’UN lecteur, que vous pouvez ne pas partager. (Je dirais qu'à partir de 30 commentaires variés - donc pas tous bons -, on peut commencer à tenir compte des avis du commentateur...)
Pour les autres sites proposant des commentaires (Booknode, Babélio, etc.) : même combat…
Pire encore, certains auteurs prennent un malin plaisir à écrire de très mauvais commentaires pour couler un concurrent.
Méfiez-vous aussi du commentateur qui donne systématiquement une note négative à tous les livres d'un même auteur.
Franchement, si vous n'avez pas aimé les 2 premiers ouvrages, vous achetez les autres, vous ???
Je ne cautionne aucune de ces pratiques...
III. Les chroniques sur des blogs, des pages Facebook, des sites internet
Elles sont à mon sens plus fiables que les commentaires et prennent généralement la peine de détailler les points forts et les points faibles du livre…
Evitez toutefois celles qui commencent par « je remercie l’auteur, cet ami, ce frère que je connais de longue date… » ou les sites qui ne chroniquent qu'un ou deux auteurs (comme mon blog... je ne pratique pas la chronique/critique intensive... je me contente de parler de mes coups de coeur).
Choisissez plutôt des sites, blogs ou forums qui, même en partenariat avec des maisons d'édition, ne font pas à chaque fois une critique/chronique positive. (exemple à suivre : le forum Au Coeur de l'Imaginarium)
IV. Le site / blog personnel de l'auteur
Une visite indispensable... Je répète, une visite indispensable.
En effet, vous y trouverez parfois des extraits de l'oeuvre (toujours intéressant) et surtout, vous pourrez découvrir sa démarche et... son orthographe. (Lunettes de soleil et crampons... vous vous rappelez ?)
En tant qu'enseignante de français, une mauvaise orthographe est un défaut rédhibitoire. Pourtant, il existe bon nombre de moyens de se corriger et de s'améliorer : logiciels, bêta-lecteurs, correcteurs professionnels... Sans oublier le très bon Projet Voltaire.
Autre aspect déplaisant : les auteurs qui annoncent d'emblée une vocation économique (je veux vivre de mon écriture... à tout prix - sous-entendu, y compris celui de la qualité).
Je rappelle que 150 auteurs environ vivent de leur plume en France...
Et surtout, passez du temps sur la bibliographie. L'auteur a-t-il déjà publié ? Combien d'oeuvres ? Dans quelles maisons (retour au point I) ?
L'auteur a-t-il publié dans des revues ?
Dans des anthologies ? (Important pour moi.)
Je m'explique : si un auteur participe à des Appels à textes (AT dans notre jargon) et que ses textes sont sélectionnés, on peut y voir un gage (raisonnable) de qualité (hop, je m'envoie des fleurs au passage... après tout, c'est mon blog !).
En effet, et surtout pour les anthologies qui paraissent au format papier et numérique payants, un comité sélectionne les nouvelles, car, derrière, se trouve un éditeur qui souhaite vendre son recueil.
V. Le classement Amazon
Ah ! Le classement ! Vénéré par les auteurs ! Sacro-saint ! Et aussi obscur que mon café le matin !
Son algorithme jalousement protégé fait couler beaucoup (trop !) d’encre.
Il est justifié et "non truqué" pour certains auteurs (et pas forcément les plus connus), manipulé pour d'autres (petits malins !).
Ne vous y fiez pas... Je répète : ne vous y fiez pas...
Il existe des techniques pour faire grimper son livre...
Attention… il y a plein d’excellents livres dans ce classement… Il faut juste le combiner aux points I à IV.
(Deux articles intéressants à ce sujet se trouvent d'ailleurs sur Le souffle numérique et Des histoires à partager.)
VI. La couverture
L’élément le moins important. Si elle ne fait pas pro, que le nom d’une véritable maison d’édition n’y figure pas, vous courez le risque que le contenu soit du même acabit… ou pas.
Retournez aux points III et IV.
Bref, bis repetitas : vous pouvez retourner le livre
et vous faire REMBOURSER si vous n’êtes pas satisfait(e) !
N’hésitez pas à le faire,
le taux d’e-books daubesques en vente baissera peut-être !
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